
Qu'appelle-t-on l'ostéoporose ? Quelle est sa fréquence dans la population générale?
L'ostéoporose est une maladie chronique des Os qui entraîne une fragilité osseuse, ce qui augmente le risque de fracture. L'ostéoporose touche un peu moins de 5 millions de Français, dont plus de 4 millions de femmes. L'os se renouvelle tout au long de la vie, c'est ce qu'on appelle le remodelage osseux. La densité osseuse augmente jusqu'à l'age de 25 ans, puis elle se stabilise. A la ménopause, ce remodelage osseux, qui était contrôlé par les hormones féminines, s'accélère : l'os se renouvèle très rapidement, entrainant une baisse de sa quantité et de sa qualité. Cette fragilité osseuse augmente le risque de fracture. Il en est de même chez l'homme, mais de façon décalée dans le temps. Globalement, la baisse de la masse osseuse chez L’homme est beaucoup plus lente que chez la femme. Après 50 ans, 1 femme sur 3 et 1 homme sur 5 auront des fractures ostéoporotiques, et ce risque augmente avec l'âge.
Quel est son lien avec la polyarthrite rhumatoïde ?
Tout d'abord, la polyarthrite rhumatoïde (PR) touche elle aussi plus les femmes que les hommes, classiquement autour de 50 ans, et c'est justement à cet âge que l'ostéoporose commence à s'installer, après la ménopause.
Ensuite, la PR est une maladie inflammatoire et l'inflammation chronique favorise la perte osseuse. L'inflammation au sens large est un facteur de risque, quel que soit le syndrome inflammatoire chronique : polyarthrite, spondylarthrite, rhumatisme psoriasique, maladie de Crohn....
Un lien majeur entre ostéoporose et PR est la prise de cortisone.
Ce médicament, très utilisé dans la PR, entraîne une perte osseuse très rapide, surtout au niveau des vertèbres (mais aussi, dans une moindre mesure, au niveau du col du fémur) et ce dès les premiers mois de corticothérapie. Le cumul corticothérapie + ménopause augmente considérablement les risques d'ostéoporose et donc de fracture.
L'objectif dans la PR est donc de prescrire la plus petite dose de cortisone, le moins longtemps possible. On considère qu'il faut être en dessous de 0,1 mg/kg par jour de cortisone (soit 7 mg par jour si on pèse 70 kg), quel que soit l'age. A noter : les injections locales de corticoïdes pour une synoviorthèse ou une infiltration ont un impact quasi nul sur l'os.
La perte osseuse vient de la prise de cortisone en comprimés ou en intraveineuse. Enfin, un dernier lien est l'inactivité. Les patients atteints de PR sont moins actifs physiquement que la population générale. Le fait de ne pas bouger ne stimule pas la formation osseuse. A âge égal, les personnes atteintes de PR ont un risque de fracture 1,5 fois supérieur à la population générale.
Peut-on prévenir l'ostéoporose et le risque de fracture ?
J'ai pour habitude de dire que l'ostéoporose est une maladie infantile à expression gériatrique. Il faut maximiser la masse osseuse dès l'enfance (en pratiquant de l'activité physique, en ayant des apports vitamino-calcique suffisants, etc.) puisque ensuite, elle ne fera que diminuer.
C'est la première mesure de prévention.
La mesure de la densité minérale osseuse (DMO).
L'ostéodensitométrie ou densitométrie osseuse est un examen indolore utilisant des rayons X de faible intensité qui permet de mesurer la masse osseuse à deux niveaux au rachis et au col du fémur Les résultats, appelés T-score, sont donnés avec une valeur de densité osseuse de référence d'une personne de 25 ans. Plus les résultats du patient s'éloignent de cette valeur normale, moins la résistance osseuse est bonne. On parle d'ostéoporose lorsque le T-score est inférieur ou égal à - 2,5. Cet examen est pris en charge (70 % par l'assurance maladie, le reste par la complémentaire santé) pour les patients ayant des facteurs de risque, dont la polyarthrite fait partie.
POLYARTHRITE INFOS n°113 MARS 2019 19
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